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Le Maroc, premier importateur africain de Turquie avec 1,5 milliard $ : partenariat stratégique et défis du déficit commercial

Le Maroc s’est hissé au rang de premier importateur africain de Turquie durant les cinq premiers mois de 2025, avec des importations atteignant 1,5 milliard de dollars, dépassant l’Égypte et la Libye. Ce basculement illustre une dynamique économique accélérée, mais il met également en évidence les défis liés au déficit commercial marocain, la Turquie devenant son troisième plus grand contributeur après les États-Unis et la Chine.

Accord de libre-échange et perspectives futures

Rabat et Ankara ont convenu récemment de lever les barrières commerciales afin de porter le volume des échanges au-delà de 5 milliards de dollars, dans le cadre du comité de suivi de l’accord de libre-échange signé en 2004. Le gouvernement marocain envisage toutefois une révision en profondeur de cet accord afin d’exiger davantage d’investissements turcs directs, comme solution pour rééquilibrer la balance commerciale.

Les investissements turcs et la Coupe du Monde 2030

Les entreprises turques orientent déjà leurs investissements vers les secteurs porteurs au Maroc, notamment les infrastructures et la logistique, en lien avec les préparatifs de la Coupe du Monde 2030. Les exportations d’acier turc vers le Maroc ont enregistré une hausse spectaculaire, passant de 150 000 tonnes en 2024 à plus de 291 000 tonnes au seul premier trimestre 2025.

Héritage historique : des rivalités maroco-ottomanes

Selon Jeune Afrique, ce rapprochement économique trouve ses racines dans une histoire marquée par les rivalités entre l’Empire ottoman et l’Empire chérifien.
Tout remonte au XVIᵉ siècle, avec l’installation des Ottomans à Alger en 1516, qui attisa leur convoitise pour le Maroc, point stratégique donnant sur l’Atlantique.

La résistance saadienne

La dynastie saadienne (1559-1659) a farouchement résisté à l’expansion ottomane, luttant sur deux fronts :

un front extérieur contre l’avancée turque ;

un front intérieur contre les Wattassides alliés d’Istanbul.

Les Ottomans occupèrent brièvement Fès à deux reprises (1554 et 1576), mais le sultan Ahmed al-Mansour al-Dhahabi incarna la résistance marocaine, remportant la bataille des Trois Rois (bataille de Oued al-Makhazin) en 1578 face aux Portugais et rejetant toute tutelle ottomane.

La continuité sous les Alaouites

La dynastie alaouite poursuivit cette politique d’opposition à l’ingérence ottomane. Le sultan Moulay Ismaïl (1672-1727) fit arrêter des envoyés turcs accusés d’attiser des troubles internes, et lança une campagne militaire contre les Ottomans d’Algérie en 1701. Malgré son échec, il réussit à fortifier les frontières orientales en bâtissant une série de kasbahs défensives.

Des siècles de tensions frontalières

Aux XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, les deux puissances se disputèrent à plusieurs reprises le contrôle de villes comme Oujda et certaines zones du Rif oriental, jusqu’à leur récupération définitive par le Maroc en 1795. Le conflit prit fin avec la colonisation française du Maghreb et l’effondrement de l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale.

Entre rivalité historique et partenariat moderne

Aujourd’hui, le passé conflictuel laisse place à une coopération économique stratégique. Le Maroc cherche à équilibrer ses échanges commerciaux avec la Turquie par une attraction accrue des investissements directs étrangers, tandis qu’Ankara voit dans le marché marocain une porte d’entrée vers l’Afrique et l’Europe.

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